Commentaire en deux mouvements. Celui du cœur d’abord, puis celui de l’esprit. Un temps de réaction immédiate, suivi d’un temps de méditation.
PREMIER MOUVEMENT
Tout d’abord l’anecdote : premières impressions.
À l’automne 2019, je me rends au lancement des Éditions du Noroît, mû par le désir d’y faire la rencontre de Jean-Marc Fréchette. Pour des raisons que j’ignore, le poète n’assiste pas au lancement collectif des ouvrages parmi lesquels figure ce qui sera, nous le saurons plus tard, son dernier ouvrage. Il meurt quelques mois après ce lancement. La maladie le retenait-elle ? Ou une discrétion ? Hésitation à participer à un événement mondain ? Je n’en sais rien. Son absence ne m’a toutefois pas dissuadé de me procurer son recueil.
Au décès de l’auteur, je suis revenu à ce recueil que je n’avais alors qu’entrouvert. Ce décès, il faut le dire, m’attristait. Bien que peu familier avec son œuvre, je n’étais pas sans accorder un immense crédit à un poète aussi discret. Au fil des ans, j’avais été sensible à la faible rumeur voulant qu’il fût un poète profond, je veux dire animé par un réel souci de poésie et de spiritualité. Si la poésie me poussait dans la direction de l’œuvre, son aspect religieux sans toutefois m’en éloigner me retenait, freinait mon mouvement vers elle. En cela, j’étais arrêté par une contre-rumeur, celle où se manifeste un préjugé tenace, lequel évalue et dévalue une œuvre à partir du seul critère de sa conformité à l’heure présente.
L’heure présente est celle où d’ordinaire, ce que l’on voit quand on lève la tête en direction du ciel ce sont de trop bruyants avions. Dans ce monde moderne, nos montres elles-mêmes ne sont plus actuelles. Elles sont devenues de riches ornements. Plus personne ne les consulte pour s’informer sur le passage du temps.
De ce temps actuel, même de son vivant, Fréchette, si j’en juge par sa poésie, s’était retiré, s’était en quelque sorte abstrait. Son être tout entier aspirait à un autre ordre de la temporalité, celui de la majuscule. Le seul temps qu’il contemplait était le Temps. À son sujet, il avait quelque chose à dire. Mais pouvons-nous entendre vraiment ce que nous disait Fréchette ?
Tout semble contredire ce que le poète tente de nous dire. Il parvient sans aucun doute à se le dire, à l’entendre lui-même, mais ses contemporains, me semble-t-il, auront fait et feront encore longtemps la sourde oreille à ce qu’il dit. Ce qui s’interpose relève peut-être de l’interdit. Tout se passe comme s’il n’était plus guère possible de tenir un certain discours, du moins sous peine d’être implicitement accusé de passéisme. Il est des zones où le poète s’aventure à ses risques et périls. S’il y recherche la grâce, on déclarera qu’il y trouve plus certainement la désuétude. Son verbe aura le défaut rédhibitoire de l’inactualité. On le privera de sa présence au cœur de l’actuel. Dans le temps d’aujourd’hui, toute parole célébrant le Temps de l’Infini sera confinée dans le passé, considérée comme dépassée.
C’est que nous vivons sans doute dans une sorte de sous-réalité. Les avions qui traversent bruyamment le ciel rendent tout à fait inaudible le chant des anges et ceux-ci, invisibles à nos yeux dans leur substance immatérielle, semblent confirmer définitivement leur absence, voire leur inexistence. Il semblerait que Fréchette ait été de tout temps attentif à leur seule présence, et qu’il ait cherché ainsi à maintenir poétiquement sa propre présence dans les hauteurs de sa contemplation. La sous-réalité ne l’ayant jamais accaparé, n’ayant jamais entravé réellement son chant.
Mais tout ce que je viens de dire, je le répète, n’est ici qu’un avant-dire. J’ignore même si j’y souscrirai une fois ma lecture véritablement entreprise. Or toujours dans l’ordre de l’anecdote, je dois maintenant revenir à cette rumeur, non la contre-rumeur qui aura pu opposer un refus à la proposition de Fréchette, mais à celle qui, bienveillante, l’aura chaleureusement accueillie.
Dans un livre emprunté à la bibliothèque municipale, un recueil d’essais de Gilles Marcotte, l’ouvrage est intitulé « La littérature est inutile » (il est permis ici de savourer l’antiphrase), j’avais pu lire de bien belles pages consacrées à la poésie de Fréchette. Mais me dira-t-on, il est suspect qu’un croyant commente la poésie d’un croyant, suspect parce que cela justement va de soi : il avalisera ce qu’il y trouvera. Cela étant son bien propre, il ne saura en dire que du bien. Je puis l’admettre, mais il faudra avouer que de telles suspicions ou réticences manifestent une vue bien courte. C’est ignorer qu’un jugement prononcé en connaissance de cause peut tout de même faire montre d’une certaine autorité en la matière. C’est feindre de croire que la concordance de la foi de l’un et de l’autre, que leur conjonction, discrédite obligatoirement une œuvre littéraire ainsi que le jugement critique porté sur cette dernière. Mais je m’égare. Ce que je désire envisager dans ce premier mouvement d’humeur, c’est le caractère positif de l’accueil qui fut réservé à l’œuvre de Fréchette, mais cela je le fais surtout pour manifester ici une déception, car à vrai dire, j’avais un peu naïvement cru que cet accueil s’était avéré unanime, voire avait été plus largement consenti, accordé à l’extrême qualité, à la rareté exemplaire de l’œuvre de Fréchette.
Quoi ! En ouvrant Partition de l’Ange, je constate à mon grand étonnement que l’auteur n’aura eu de son vivant qu’une reconnaissance bien chétive. Cette rumeur que de loin j’entendais m’avait laissé croire à des succès d’estime bien plus considérables. On lui aura accordé le Prix Air Canada en 1988. Marcotte lui aura consacré un essai. La revue Contre-jour aura fait paraître un dossier sur son œuvre en 2004. C’est tout.
Je sais. Tout ce qui mérite notre reconnaissance n’est pas toujours justement célébré. Oui, je sais. Mais je suis déçu. Je m’interroge. Je me demande à quel point le référent aura pu jouer en la défaveur de cette œuvre. Sa substance, cela qui la fonde et lui donne tout son sens, toute sa portée, aurait-il fallu que le poète s’en tienne éloigné ? Qu’il n’accorde d’importance qu’à la beauté harmonieuse de ses vers ? Que ceux-ci se tiennent vides dans la vacuité d’une ivresse engendrée par la seule sonorité d’un verbe, condamné lui-même à ne contenir qu’une absence de substance ? Fréchette n’avait rien d’un parnassien. Ou plutôt, en plus d’être un excellent artisan du verbe, un maître dans l’art du dire poétique, il était entièrement tourné dans une direction que justement lui ouvrait, ou contribuait à lui ouvrir, la poésie.
Quel méchant joli tour peut jouer à un poète un tel amour ! Pour obtenir la faveur d’un jour bien court, il faut courir après une gloire bien vaine. Il aurait fallu que Fréchette sacrifie son Dieu sur l’autel de la facilité, qu’il renonce à célébrer la gloire du Seigneur. Qu’il agisse en cela comme pourrait le faire un piètre romancier qui, n’ayant obtenu qu’un médiocre succès en traitant d’un thème que pourtant il affectionnait, choisirait de jeter son dévolu sur un autre qu’il honnit, davantage susceptible de toucher un large public.
« Cher Jean-Marc, laissez tomber les anges. Plus personne ne se soucie d’eux. » L’honneur du poète est de ne jamais céder aux trompettes de la Renommée. Fréchette n’en a fait qu’à sa tête. Il a écouté son cœur et rien d’autre. Bien entendu, en ce cœur se réverbéraient les échos d’une grâce, dont il avait souci, et qui seule tendait les cordes de sa lyre.
Il est temps maintenant de nous engager sur le terrain de l’œuvre. Elle est testamentaire. Nous ne pourrons la prendre à la légère.
DEUXIÈME MOUVEMENT
Pour exprimer un Temps pur, un Temps absolu, nous ne disposons que des temps relatifs de l’histoire, ceux dont nous avons nous-mêmes fait l’expérience en tant qu’être humain. Autrement, nous ne parvenons qu’à supputer. La poésie, l’imaginaire prennent alors le relais afin de colmater les brèches de notre indigence. Pour penser le Temps divin, pour le rendre accessible du moins symboliquement, dans et par le poème, le poète puisera dans les diverses strates des temps de l’histoire, dans leurs métamorphoses et les grandes figures qu’en ont offert les récits. Cela dont nous avons hérité, par le biais justement de ces récits, le poète le recompose sous nos yeux et en dispose à sa façon. Il en résulte une manière de résurrection du passé, laquelle peut laisser croire à des relents passéistes, à une régression aux mythes fondateurs les plus anciens. Pourtant, il n’en est rien.
Ce n’est pas là retour à de vieilles croyances, mais bien plutôt propulsion de celles-ci dans notre temps présent, s’ouvrant à cet autre temps, au Temps qui tient en une même gerbe toutes les saisons de l’être. Ce Temps, dans le poème de Fréchette, dans la foi qui l’anime est ce qu’il appelle « le temps sans temps ». Plus précisément, son avènement est à venir : il aura lieu quand « Tu seras avec Lui ». Ce « Lui », avec une majuscule, réfère au Prince, tantôt plus simplement désigné comme à l’ordinaire par un plus usuel « Seigneur ».
Ce temps vers lequel se met en marche le poète, mettant tout en œuvre pour le célébrer et l’appelant ici de tous ses vœux, est un « Temps hors du songe ». L’ange a dicté les phrases suivantes. De sa plume, le poète les transcrivit. Les voici : « Qu’advienne le Temps hors du songe/Et l’enfant bruira dans la Lumière totale. / Que soit fait âme le corps//Et l’hiver sera un champ de l’ange. / Ô qu’il persiste, l’homme, dans la louange,/ Il contemplera Sa Face. »
Les majuscules sont voulues par le poète. Je ne parle pas de celles qu’on voit en début de vers, mais de celles qui magnifient les mots « Temps », « Lumière », « Sa » et « Face ». Les capitales ont valeur d’insistance, elles soulignent l’importance de ce que désignent ces mots. Je mentionne leur présence en passant. Elles apparaissent çà et là dans le recueil. Leur usage est cependant tempéré, réfléchi, Fréchette ne négligeant aucun aspect de son travail. Ce traitement toutefois contribue à accentuer le caractère traditionnel de son poème, mais encore une fois, cet aspect de la poésie de Fréchette répond à une nécessité. Tout emprunt à la tradition permet au poète d’atteindre dans son évocation la dimension temporelle à laquelle il aspire. Il conviendrait cependant de parler plutôt d’une dimension relative à l’intemporalité. Par exemple, en employant une terminologie qui nous replonge dans des temps anciens, en situant son poème au milieu d’une campagne aux airs vieillots (on y recourt à des bougies pour s’éclairer ; les bêtes sont logées dans l’étable ; les femmes font des travaux d’aiguille, etc.), le poète nous retranche de l’actuel, il instaure un univers en quelque sorte parallèle : il peut y faire apparaître alors son doux souci de Lumière, y faire entendre un silence qui est celui de la campagne, un silence qui est l’instrument faisant entendre une musique céleste : « Musique des prairies/Où le silence est l’instrument. »
Je ne prétends pas qu’il s’agisse d’une stratégie, d’une rhétorique mise en place dans le but de convertir quiconque à sa vision du monde. Ce serait manifester un prosélytisme qui ne correspond en rien à sa démarche, encore moins à ses intentions. Chez Fréchette, je ne vois l’ombre d’aucune soutane, je ne tombe sur aucun prêchi-prêcha. Il ne cherche pas à haranguer des infidèles, il tente beaucoup plus humblement de se mettre à l’écoute d’une parole. Cette parole, il l’entend dans le chant des oiseaux, il la lit dans le sillon des labours, dans les nuages, les collines, les prairies et les bois. Ce sont les saisons qui les lui soufflent. Le poète accueille ces dernières, se montre attentif à leurs diverses manifestations. Son recueil s’ouvre avec l’hiver et suit le cours des saisons tout naturellement. En chacune de ces saisons se manifeste une présence. Cette présence se manifeste en un lieu de prédilection, celui de la campagne, où tout naturellement s’offre la nature : « Perfection délicate,/La coupe sauvage d’une fleur négligée,/En nos prairies ivres, à l’écart,//Dans le repli de campagnes/Qui sont des cieux renversés. »
D’ici-bas au très-haut, par l’oiseau, le nuage et l’ange vont et viennent les échanges. Tout parle à qui veut entendre : « L’herbe louange, comme le cœur//Le plus profond de l’homme/Et l’aile de l’ange accueille ce qui monte, Dans l’instant ému. //Marguerites élogieuses. Troupeaux/Qui ressemblent aux constellations les plus/Lointaines. //Chants du loriot/Épousant le chant du Chœur angélique. /Hauteur qui descend. //Flammes qui montent/Vers la Mère Glorieuse, Mariam/Solsticiale. »
De même, le village au cœur de cette campagne « Est un village pour les saints//Et les anges qui chantent Mariam… ».
Fréchette nous parle peut-être autant de notre monde que de celui où se trouve la « Future maison qui est tout notre espoir ». Mais notre monde pour lui est l’image inversée de celui qu’il espère, tout comme tantôt la campagne réfléchissait dans sa beauté la beauté des cieux, tandis que les fleurs répétaient dans leur configuration les constellations de la voûte céleste.
Le poète nous parle de notre monde. Il n’en parle cependant pas en adoptant notre point de vue. En tête de son recueil, il a mis en exergue les mots suivants, empruntés à Rilke : « Ce monde vu non plus de l’homme, mais en l’Ange, est peut-être ma vraie tâche. » Un poème du recueil joint l’un à l’autre l’Ange et le poète : « La main du poète-ange ». Un autre associe le poète et l’enfant. L’on peut facilement croire que ces derniers sont en quelque sorte aptes, peut-être plus que quiconque, à accueillir la « présence », à la désirer, à la ressentir et à l’exprimer si intensément.
Cette sorte d’extase, cette recherche patiente et contemplative ne sont pas pour nous étonner. Pour peu que nous ayons lu au fil des ans, en revue ou dans les pages d’un recueil, quelques poèmes de Fréchette, nous sommes au fait de sa constance. Pour ma part, j’ai tenu à m’en assurer, à me ressourcer si je puis dire dans un des premiers recueils de l’auteur. Je m’en confesse, à l’époque j’avais parcouru très superficiellement Le Corps de l’Infini. Assez cependant pour me convaincre de la qualité du travail de l’auteur, sans trop m’aventurer toutefois au-delà de cette qualité, dont le caractère me paraissait passablement convenu, daté pour tout dire.
J’ai donc relu parallèlement à la Partition de l’Ange ce vieux recueil de Fréchette, l’un de ses tout premiers. Vraiment, c’est le cas de le dire, ce livre correspond aux vagissements de la poésie de Fréchette. Curieusement, d’entrée de jeu, c’est là toutefois une œuvre de maturité. Le poète a réuni dans cette troisième publication des textes parus dans ses deux premiers recueils. Il s’agit quasiment ici d’une anthologie.
Le Corps de l’Infini paraît en 1986, mais on peut y lire des textes s’échelonnant sur plus de quinze ans. L’auteur est alors âgé d’une quarantaine d’années. Il y a bel et bien lieu de parler d’une œuvre de maturité. C’est ainsi d’ailleurs qu’elle est saluée, déjà comme un accomplissement majeur. Dans les rabats de la couverture, de prestigieux auteurs apposent leur aval. Ils ont nom Anne Hébert, Rina Lasnier, Fernand Ouellette, François Hébert, Suzanne Paradis, René Pageau et François Ricard. Sur la quatrième de couverture, un poète de renom, et non des moindres, il s’agit de Robert Marteau, écrit que cette poésie « n’est pas une gratuité sonore, et non plus un enseignement. Elle ne se veut pas. Elle aspire, enluminant le monde — qui est l’enjeu — par le cœur, l’accord, le cordial. » J’aurais eu intérêt à bien méditer ces paroles. Il ne m’aurait pas fallu attendre tout ce temps avant de rencontrer finalement l’œuvre de Fréchette.
J’ai donc rouvert pour vrai, cette fois-ci, ce Corps de l’Infini. Quelle n’a pas été ma surprise ! Certes, je m’attendais à de la beauté, à de la profondeur, à voir célébrer la Création. Je m’attendais à toutes ces majuscules d’élévations, d’envols et de chants. J’allais y retrouver Dieu dans son Corps Infini et Glorieux. Le verbe de Fréchette en ces pages serait déjà impeccable de pureté ; l’or saupoudré à la surface scintillante des vers allait ajouter la patine d’une certaine préciosité : tout cela, je le savais. Mais ce que j’ignorais, c’était pour reprendre à Jacques Brault, en les retissant autrement, les mots intitulant l’un de ses recueils : ce que j’ignorais, c’était à quel point en dessous de ces mots, et par eux révélés, je découvrirais enfin tout ce qui rend admirables les poèmes de Fréchette. Leur sens, leur engagement, l’espoir qui en sont le moteur, qui lui donnent des ailes, celles justement d’un ange, d’un enfant et d’un poète.
Ce vieux recueil, produit bien avant la fin du siècle dernier, je le trouve délectable. Or ce qui me ravit, outre sa qualité d’œuvre, c’est qu’en comparaison avec le dernier opus de Fréchette, il tient le coup, mais peut-être pas tout à fait. Pas tout à fait, dans la mesure où le murissement, l’expérience spirituelle et poétique à la fois ont finalement fait accomplir à l’auteur des pas de géant. Je le dis simplement et naïvement, mais on m’aura compris, le septuagénaire nous laisse en héritage avec Partition d’un Ange ce que l’on pourrait appeler l’œuvre d’une vie.
Je pèse mes mots, l’œuvre d’une vie. Et j’en veux pour preuve cela que voici.
De la même manière que Corps de l’Infini reprenait des textes plus anciens, Partition de l’Ange redonne vie à des poèmes bien antérieurs à sa parution. Tout se passe comme si l’unité chez Fréchette procédait moins de l’ordonnance en un ouvrage unique de pièces diverses (reliées entre elles par des liens surtout thématiques, lexicaux ou de formes), que d’un mouvement plus large, j’allais dire embrassant les moments d’une existence (bien entendu moments aussi d’écriture) : les poèmes faisant ainsi non pas seulement l’objet des livres où ils figurent, mais étant des phénomènes entièrement liés et voués au mouvement de la vie elle-même en laquelle s’est engagé le poète.
Ainsi, au terme de son existence, Fréchette aura-t-il puisé çà et là dans son œuvre pour réaliser ce livre ultime. Nous retrouvons alors de magnifiques poèmes (dont les premières versions remontent à aussi loin que la fin des années 60), parfois très peu retravaillés, mais différents par l’éclairage que leur confère le nouvel ensemble où l’auteur les dépose.
J’extrais ce qui suit de Le Corps de l’Infini :
jardinier/dis/qui a peint d’ocre et de rose aéré/ces érables ?//qui a fait ces teintures éblouissantes/à l’orée/où se mêlent le violet et l’ambre ?//ô/dis/qui nous a enivrés de ce nectar du nombre pur/et de la proportion ?
On retrouve à peu de différences près le même poème dans Partition de l’Ange :
Jardinier, dis, qui a peint d’ocre/ Et de rose aéré ces érables,/ Qui a fait ces teintures éblouissantes//À l’orée,/ Où se mêlent le violet et l’ambre ? / Dis, qui nous a enivrés//De ce nectar du nombre pur/Et de la proportion ?
Les mêmes mots, des majuscules dans le second cas en début de vers, de la ponctuation également.
Ailleurs, dans d’autres pièces, les modifications susciteront des réflexions. Il n’y a pas lieu ici de s’interroger plus avant sur la nature et la raison d’être de ces reprises. J’en ai fait part dans le but de souligner que cette œuvre testamentaire est vraiment l’œuvre d’une vie.
Bien entendu, il y aurait tant à dire encore au sujet de ce recueil. Il faudrait saluer l’extrême beauté de la plupart de ses poèmes. Fréchette écrit magnifiquement sur l’automne. Il dit des asclépiades, qu’elles « Ont perdu leurs touffes de soie mesurée. /Reste l’oiseau gris entr’ouvert/Et l’intérieur doré. »
Mais le poète s’en est allé.
Secouant/Les neiges de ma manche//Je parlai enfin avec l’Aimé. /Et s’acheva ma route dans le chant des anges/Ensevelisant l’hiver et ses demeures. //Alors l’âge était un diamant pur,/Je ne voyais que Dieu.
Merci Daniel. Quel bonheur de lire votre texte parlant de Jean-Marc Fréchette… Vous avez choisi judicieusement des petits extraits de son oeuvre qui nous donne envie de lire plus …. Vous savez, votre façon de nous le décrire est pour moi, un hommage au poète… je crois qu’il aurait aimé… Merci encore Daniel… J’espère que plusieurs de vos amis réaliseront le travail colossal que vous faites sur ce blog… Bonne soirée cher ami…
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Chère Élise. Quand j’ai appris hier que vous preniez un petit congé de Facebook, j’ai espéré que c’était pour des raisons mineures, voire positives (quelque chose de mieux à faire, des amis, de la famille à rencontrer …) : j’ai aussi déploré que ma recension du recueil de Fréchette ne serait pas lue par la seule ou presque unique personne (j’exagère à peine) qui me soutient si fidèlement depuis que je travaille à mes « petites études ». Merci d’être là, amie Élise.
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Je me suis absentée de Facebook parce que je vois des choses que je ne veux plus voir… Certains de mes amis s’invectivent inutilement… Juste pour une question d’égo… Je crois que je devrai faire un gros ménage… Présentement j’utilise mon énergie où elle est plus utile… Vos écrits sont rafraîchissants… merci encore… Je crois que certains de e mes amis apprécieraient votre blog… Puis-je les inviter??
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Ils sont les bienvenus, ça c’est certain. Quant à vos amis impolis, c’est peut-être la faute de la pandémie (mettons!).
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Je me suis absentée de Facebook parce que je vois des choses que je ne veux plus voir… Certains de mes amis s’invectivent inutilement… Juste pour une question d’égo… Je crois que je devrai faire un gros ménage… Présentement j’utilise mon énergie où elle est plus utile… Vos écrits sont rafraîchissants… merci encore… Je crois que certains de e mes amis apprécieraient votre blog… Puis-je les inviter?? Oui, je suis une fidèle amie 🙂
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Oui. Bien entendu, comme disait l’autre : vos amis sont mes amis. Ils sont les bienvenus. Merci pour tout.
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😉 la pandémie a le dos large 😉 peu importe…. je vais inviter certains de mes amis… J’espère qu’ils (elles) accepteront. Je ferai les invitations à mon retour sur Facebook .. probablement lundi ou mardi… Bonne fin de semaine Daniel!
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J’ai pleuré à lire tous vos propos… votre analyse permet plusieurs interprétations… il vivait dans un autre Temps
Dieu l’attendait sans vraiment le nommer
Je crois
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Le texte que tu as fait paraître dans La Métropole est très touchant. Témoignage d’une grande amitié. Par ailleurs, il faut une certaine dose de courage pour terminer comme tu le fais le mot que tu écris ici : « Je crois ». Une âme qui donne sans jamais retrancher, qui crée et ne détruit pas au nom de sa foi, allons donc lui dire qu’elle n’a pas changé le monde. Sœur Emmanuelle ! Celui qui lui lancerait une pierre ne vaut pas grand chose à mes yeux. Idem pour le recueillement de ton ami Jean-Marc. Pour ma part, c’est ce que je crois.
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J’aime, ami Daniel, ce commentaire en deux temps. Il nous donne à revoir, par le biais de votre coeur, les mots de celui de Fréchette et avec lesquels il traverse le pays de l’âme. Il nous donne, par ailleurs, à réentendre la fraîcheur lumineuse de ses images et que vous amenez si bien (extrait de la Partition de l’Ange). Merci de souligner « l’oeuvre d’une vie » aussi bien et si habilement.
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Amie Vève, vous me faites bien plaisir. Comme je l’ai mentionné, il y aurait tant à dire. J’ai négligé des aspects bien importants de ce recueil, des passages savoureux. Fréchette nous ouvre à un univers qui dans une certaine mesure tient du merveilleux. Je m’étonnerai toujours de voir que des lecteurs « intelligents » acceptent d’embarquer dans des mondes imaginaires farfelus (contes, films dont l’action est abracadabrante, jolies fantaisies, dessins animés où tout est tiré par les cheveux, etc.), y prennent plaisir, décortiquent du sens, apprécient le travail artistique, mais se cabrent dès qu’il est question de foi. Fréchette exprime sa foi. On peut ne pas la partager, mais dénigrer une œuvre en raison de son contenu (alors que l’auteur ne tente même pas de nous enfoncer des messages dans le coco), cela me dépasse. Pour être conséquent, il faudrait se boucher les oreilles dès qu’on entend quelque chose de Bach (je sais, il a aussi produit de la musique profane). Ça ne viendrait à l’idée de personne.
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J’écrivais tantôt ceci à un autre ami lecteur : Hélas, dans cette petite étude j’ai passé sous silence des aspects très importants de la « pensée » du poète, dont celui-ci : à la page 104, Fréchette écrit « Et que je vais d’image en non-image/ Vers mon Dieu … ». Cela me paraît important, très. Il y a (je le dis un peu trop rapidement) comme une décantation spirituelle dans sa démarche (mettons une dématérialisation) : la présence de Dieu ne passe plus par le filtre de l’image, ni par le « songe ». C’est comme s’il n’était plus besoin d’intercession, d’intermédiaire. Cela est peut-être ce qu’exprime le dernier poème de l’ouvrage, où il est dit que la prière « se change en le diamant du Cœur unique. »
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